La maison silencieuse

La maison silencieuse

Le long corridor s’étire
Percé de mille portes douloureuses
Où règne le faux silence
De l’attente résignée.

Les gardiens de ce temple honni,
Sourire au lèvres contrastant et contrariant,
Pourvoies au maintient
De cette vie suspendue.
 
Au coin d’un instant un rire éclate,
Des coeurs se serrent au souvenir
D’un bonheur trop vite oublié.
La joie, la douleur, se morcellent dans l’indifférence.
 
Le temps ralentit doucement,
Achevant de s’arrêter.
Il ne s’écoule déjà plus qu’au compte-gouttes.
C’est la nuit.
 
Ici règne la technologie.
Les machines bourdonnantes remplissent leur office
Avec une régularité ironique et cruelle,
Battant mieux la vie que la vie même.
 
Des portes s’ouvrent et se ferment,
Les semelles de service glissent.
Gestes efficaces et précis
Suivant une mécanique trop humaine.
 
Des yeux ensommeillés se ferment,
La douleur en fait s’ouvrir d’autres.
Des larmes emplissent les yeux de ceux qui attendent.
C’est toujours la nuit.
 
Tout se déroule comme un ballet sans fin.
Une première métronomée,
Plus absurde qu’Ionesco,
Qui attend que le rideau tombe enfin.
 
L’Annonciation
12-15 février 1996